Abstract
Les assistantes familiales élèvent au sein de leur foyer, appelé famille d’accueil, des enfants placé·e·s par l’Aide sociale à l’enfance. Héritier de l’activité des nourrices de l’Assistance publique, ce travail présente de grandes similitudes avec le travail domestique maternel de care . Longtemps resté aux marges du salariat classique, il a fait l’objet d’importantes régulations dans les années 2010. À partir d’une enquête ethnographique et statistique dans un département, cet article explore les enjeux qui ont présidé à cette transformation. Cette dernière a pour particularité d’entraîner une dénaturalisation des compétences des assistantes familiales, mais sans s’accompagner d’une véritable professionnalisation. Cela s’explique par le fait que les régulations portent d’abord sur le care comme engagement émotionnel. Ce dernier étant décrit par les régulateur·rice·s comme particulièrement difficile à contrôler, ils et elles ont cherché à l’assurer en amont, en faisant de l’activité un travail certes qualifié, mais aussi désintéressé. Il en résulte un changement du profil social des recrutées, mais également une hausse de la pénibilité au travail.
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