Abstract
Le congrès de Westphalie, inventé pour mettre fin à la guerre de Trente Ans, a longtemps été considéré par l’historiographie comme une étape majeure dans le processus de modernisation de la diplomatie occidentale. Cet article vise à réévaluer son rôle dans la construction d’un dialogue international au milieu du xviie siècle en analysant comment cette assemblée cohabite avec le remploi de pratiques diplomatiques héritées des siècles précédents. En étudiant, dans la perspective de la nouvelle histoire diplomatique, les négociations bilatérales franco-espagnoles expérimentées aux marges de la Westphalie, notre objectif est de déterminer comment le congrès de paix agit sur ces expérimentations, en les autorisant et les contraignant tout à la fois. Il apparaît ainsi que si les pourparlers bilatéraux entre la France et l’Espagne sont en partie les héritiers de l’assemblée de plénipotentiaires organisée en Westphalie, cette dernière constitue parallèlement une entrave pour la paix entre les monarchies catholiques, à cause de la place que son dispositif prend dans la gestion des crises internationales. Cette recherche permet de mesurer à nouveaux frais la complexité du système européen au milieu du xviie siècle, en démontrant que la codification de plus en plus affirmée de la diplomatie de résidence et de congrès est la partie émergée d’un dialogue dont les soubassements continuent à être composés d’une myriade de pratiques de rencontres, à la fois séculaires et en constante adaptation.
Subject
Literature and Literary Theory