Abstract
Sous l’effet d’un androcentrisme des sciences, les pénibilités enseignantes ont surtout été appréhendées sous le prisme des conditions « objectives » de travail. Issu d’une recherche sociologique au long cours, et adoptant une perspective féministe, cet article se propose de mettre en lumière les pénibilités intimes qui échappent le plus souvent à l’analyse sociologique et subjective des souffrances enseignantes en France. Il entrevoit tour à tour, et de façon dialectique, pénibilités corporelle, maternelle et sexuelle, habituellement tues. Prenant la forme de maltraitances organisationnelles atténuées par leur banalité, leur indicibilité et leur subséquente acceptation, ces trois formes de pénibilité font pourtant le lit de logiques de dévalorisation professionnelle et de fragilisation de la santé mentale des femmes. Cet article plaide alors pour une attention scientifique à l’intime dans les organisations, à l’image d’enseignantes féministes qui s’en saisissent pour faire reconnaître ce qui émaille et altère leur quotidien professionnel.
Reference30 articles.
1. Quand la pénibilité du travail s’invite à la maison;Avril Christelle;Travail et emploi,2016
2. Les métamorphoses de l'intime;Berrebi-Hoffmann Isabelle;Empan,2010
3. Parler en expert·e·s;Boni-Le Goff Isabel;Sociétés contemporaines,2020
4. Introduction. La profession faite corps;Boussard Valérie;Sociétés contemporaines,2020
5. Prof, c'est bien... pour une femme?;Cacouault Marlaine;Le Mouvement social,1987