Abstract
À partir d’une enquête sociologique au sein de la Ville de Paris, cet article propose d’objectiver statistiquement et d’analyser qualitativement les inégalités sociales et genrées en matière de reconnaissance d’inaptitude pour raison de santé dans la fonction publique. Il s’agit en particulier de comprendre la surreprésentation des femmes de service et du care parmi les agent·es déclaré·es inaptes, en l’étudiant au regard de leurs activités de travail particulièrement pénibles mais peu reconnues comme telles, de leurs statuts d’emploi plus souvent précaires et de leurs trajectoires socio-professionnelles plus décousues. La reconnaissance d’inaptitude semble fonctionner comme un pis-aller et constituer un statut de relégation pour les femmes qui ne bénéficient pas de droits plus protecteurs et/ou de ressources (protections statutaires ou collectives, retraite anticipée pour pénibilité), leur permettant de faire face au dispositif ou de s’en détourner quand elles ont plus à y perdre qu’à y gagner.