Abstract
Les sociétés caribéennes, façonnées par la colonisation et l’esclavage, ont donné lieu à la production d’une pluralité de normes de genre, tiraillées entre patriarcat et matrifocalité. Si les femmes recourent traditionnellement à l’image de la mère pour légitimer leur présence dans le champ politique patriarcal, le régime familial matrifocal spécifique à la Caraïbe, qui fait des femmes les cheffes de famille, invite à interroger le rapport particulier qu’elles entretiennent à la politique. Cette autorité féminine inédite fait du pouvoir maternel une ressource politique prisée des élues, comme le montre la comparaison des profils de Lucette Michaux-Chevry en Guadeloupe et de Portia Simpson Miller en Jamaïque. Si l’incarnation de la mère au pouvoir facilite leur entrée en politique, elles sont néanmoins toutes deux rattrapées par l’ordre du genre et attaquées sur leur féminité et leur maternité lorsqu’elles s’installent durablement en politique.
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