Abstract
Entités pensées comme indissociables, écoles de samba et favelas sont présentées comme garantes d’une tradition nationale. Cette analogie reflète la tension entre marginalisation des populations afrodescendantes et revendication de leur contribution à la culture nationale. Leurs discours et leurs pratiques oscillent entre rattachement à la favela, synonyme d’« authenticité » culturelle, et distanciation car celle-ci est vue comme espace dangereux et marginal(isant). Le but de cet article est de montrer comment cette identité assignée est co-construite par les institutions et les individus qui en relèvent, produisant un enchevêtrement de jeux identitaires. Le défilé des écoles de samba, ainsi que son contexte socio-historique et les enjeux qu’il soulève, seront ici suivis par l’étude des pratiques disciplinaires des baterias visant à neutraliser les stéréotypes négatifs associés aux favelas (à travers une mise en scène de l’ordre social qui se traduit à la fois dans leur mode de fonctionnement quotidien et lors du défilé). Enfin, une étude de cas montrera l’imbrication de la revendication de l’appartenance à la favela et de sa mise à distance dans les discours et les pratiques.