Abstract
À travers une ethnographie du travail en cuisine en Chine, cet article montre comment l’incursion des femmes et leur disqualification dans un métier essentiellement masculin sont révélatrices des inégalités à l’intersection du genre et de la génération en contexte postsocialiste. En cuisine de restaurant, l’exclusion spatiale et sociale des cuisinières, la limitation de leurs trajectoires de mobilité et d’ascension professionnelle, ainsi que le monopole masculin des outils, des techniques et des espaces donnant accès à la virtuosité et à la reconnaissance sont au fondement du métier. Les négociations faites par les cuisinières pour rétablir justice dans l’évaluation de leur professionnalisme d’une part, et l’institutionnalisation progressive des compétences d’autre part, ne font que transformer sans les renverser les inégalités transversales à la société chinoise, les ancrant dans la mise au travail capitaliste contemporaine.