Ibn Khaldûn, une source historique majeure l’apport du Kitâb al-‘Ibar à la connaissance de l’ethnonymie berbère

Abstract

L’« édition Chabbouh » du Kitâb al-‘Bar (ou Livre des Exemples ) d’Ibn Khaldûn (Tunis, 2006-2015) a mis à la disposition des chercheurs une copie du « manuscrit du Caire » (conservé à Istanbul), qui comporte les signes diacritiques et les digrammes (éléments essentiels pour l’étude de la phonétique berbère). Les chapitres berbères de cet ouvrage contiennent en outre une information précieuse sur les grandes tribus berbères attestées par les sources médiévales (Kutâma, Sanhâja, Haouara, Zanâta, Maghrâwa…). Dans la substantielle notice consacrée aux Zanâta par exemple, l’auteur du XIV e siècle explique l’étymologie de l’ethnonyme porté par ce peuple (nom de l’ancêtre éponyme, Jâna, et le paradigme onomastique qui en découle : Zâna/Zanat, Iznaten et Zanata) ; de même qu’il y souligne l’antiquité du peuplement zénète en donnant les aires d’habitat de ses principales branches tribales (Jarâwa, Maghrâwa, Banu Ifren). L’examen croisé des sources antiques et médiévales a permis de montrer le bien-fondé du témoignage d’Ibn Khaldûn (identification du pays zénète de l’Aurès depuis la principauté des Avares (Haouara) et Dianenses ( Zanâta ) dans l’Aurès et le Hodna, attestée par les sources latines du V e siècle (Victor de Vita notamment). Parce qu’il contient les clés de l’ethnonymie berbère, le maître-livre d’Ibn Khaldûn constitue, selon moi, une source incontournable pour l’étude de la continuité du peuplement au Maghreb, de l’Antiquité au Moyen Âge (une continuité déjà établie pour des dizaines d’ethnonymes libyco-berbères grâce aux résultats récents de la recherche spécialisée).