Author:
Hourcade Renaud,Le Bourhis Jean-Pierre
Abstract
Depuis près de quarante ans, la pollution de « l’air intérieur » des espaces clos (domiciles, bureaux, écoles) a été identifiée comme un risque sanitaire important, du fait de la présence de nombreux polluants toxiques. En France, l’État s’est organisé administrativement et techniquement pour prendre en charge ce nouveau risque. Cette structuration de l’action publique fait suite aux alertes émises par des milieux universitaires et techniques internationaux dès les années 1970, mais ne débouche que trois décennies plus tard avec l’adoption de régulations, dont principalement l’étiquetage de certains matériaux de construction selon leur degré d’émissivité et de dangerosité. Ce traitement du problème est particulièrement discret, au sens où il prend la forme d’une régulation technique spécialisée dans laquelle un petit nombre d’experts et d’organismes a joué un rôle central, en particulier en agissant sur la définition des enjeux, de leur importance relative, des outils de connaissance à mobiliser et des leviers d’action à privilégier. Cet article propose de reconstituer la genèse de l’encadrement techno-administratif du problème des pollutions de l’air intérieur pour comprendre, sous l’angle d’une sociologie de l’action publique et de ses producteurs, comment une « politique de l’étiquette » a finalement prédominé, faisant porter la responsabilité du changement sur les consommateurs individuels.
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