Author:
Dokou Christina,Alkoder Stéphanie
Abstract
Bien que plutôt médiocre, la série télévisée Supergirl , diffusée entre 2015 et 2021 par le réseau CW et consacrée aux aventures de la cousine de Superman, s’est fait connaître pour avoir proposé, presque sans le vouloir, une interprétation de la sexualité de l’héroïne contraire au canon établi par les comics . Quand les auteurs introduisent durant la saison 2 le personnage de Lena Luthor (la sœur de l’ennemi juré de Superman, Lex Luthor, qui s’en distingue par son grand cœur) sous les traits de Katie McGrath, ils ne se doutent pas que l’actrice irlandaise va, par le charme lesbien irrésistible qu’elle dégage, transformer l’amitié prévue entre elle et Kara Danvers/Supergirl en une relation que les fans et les spectateurs et spectratrices (même non-LGBTIQ+) perçoivent immédiatement comme romantique. Sous l’impulsion des fans queer dont l’intérêt pour la série fait grimper les taux d’audience, les auteurs accordent plus d’attention à ce sous-texte alternatif et font passer la relation initialement passagère de Kara et Lena au premier plan de l’intrigue. Cependant, alors que devant le spectacle de leurs relations, les fans soulignent (à juste titre) qu’elles ne sont justifiées par aucune explication hétérosexuelle et demandent à ce que leur romance, et la bisexualité de Supergirl, soit reconnue officiellement dans le monde de la série télévisée et des comics , les auteurs de la série s’acharnent à brouiller les pistes en assortissant Lena ou Kara à des prétendants masculins ou en insistant, jusqu’à l’absurdité, sur leur statut d’« amies », au point d’être accusés de faire un usage éhonté de la stratégie de queerbaiting . Cet article décrit le développement d’un scénario alternatif centré sur la relation romantique entre les deux femmes, surnommée « SuperCorp », grâce à l’activité et l’influence « prosommatrices » (au sens d’Alvin Toffler) des fans queer. « SuperCorp » apparaît également comme la marque de l’effort actuel visant à inclure plus de personnages queer/minoritaires dans les productions culturelles, mais aussi de la possibilité que donnent aujourd’hui les médias sociaux à des fans qui n’étaient autrefois que des spectateurs passifs de faire œuvre créatrice.
Reference30 articles.
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