Abstract
Nombre de chercheurs en sciences sociales et en science politique qui traitent du clientélisme dans les pays occidentaux jugent qu’il est un mode de régulation sociale et politique en voie d’affaiblissement. Certains estiment même ce déclin irréversible. Cette contribution, développée sous forme d’hypothèses dans ce dossier, tente de sortir du débat qui opposerait la thèse du déclin à celle de la continuité du clientélisme dans les sociétés contemporaines. Elle nuance et complète les différentes contributions à partir de considérations générales sur la base de l’évolution du débat scientifique international et de nos enquêtes passées qui portent sur l’influence de la redistribution clientélaire de ressources et des logiques de dénonciation du clientélisme sur le gouvernement de la ville à Marseille. À partir d’une mise en perspective du débat actuel sur le clientélisme, nous montrons que loin de se réduire à des échanges interpersonnels isolés les uns des autres, l’échange clientélaire peut constituer une modalité essentielle, quoique discrète et comme dérobée derrière la façade de leurs objectifs officiels, de certaines politiques publiques et de leur mise en œuvre. Cependant, ce système de la régulation sociale et politique locale est aujourd’hui mis à mal par la montée en puissance des processus de rationalisation de l’action publique, d’une part, par la montée en puissance d’acteurs mobilisés autour de la dénonciation et de la lutte contre les pratiques clientélaires, selon différents registres comme la morale ou le droit.
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