Abstract
Les médiévistes, à la suite des anthropologues, ont depuis longtemps mis l’accent sur l’importance des relations avunculaires dans les sociétés médiévales. Pourtant, le pendant féminin de cette relation est resté dans l’ombre : le rôle des tantes n’a que rarement été étudié. Cet article propose donc de combler cette lacune en s’intéressant au rôle des tantes dans l’Europe du haut Moyen Âge, entre le vii e et le xi e siècle. Il mêle approche sémantique quantitative et études de cas et cherche à montrer que les tantes, à l’intersection des logiques horizontales et verticales de la parenté, peuvent occuper une place importante dans l’économie familiale. Les tantes, en particulier au monastère, ont une fonction éducative pour les filles de l’aristocratie et sont également des médiatrices en cas de conflit au sein de la parenté. Leur fonction tend à se renforcer au cours du xi e siècle : elles peuvent à cette époque être considérées comme des mères, en particulier dans le monde germanique, ce qui ne semble pas être le cas auparavant. C’est également à cette époque que les conflits entre tantes et nièces se font plus visibles et permettent de cerner avec plus d’acuité les mécaniques de la parenté.