Abstract
On trouve dans la production visuelle de l’anthropologue Franz Boas une abondance de photographies répondant aux codes du « portrait-type » qui accompagna l’essor d’une anthropologie physique fondée sur la classification des types humains. Or, la réflexion sur la diversité physique humaine que Boas développa dès les années 1890 l’amena précisément à s’écarter des explications évolutionnistes et essentialistes qui s’appuyaient volontiers sur un corpus visuel de « types ». Cet article souhaite interroger le statut des portraits-types chez Boas. On cherchera à les replacer dans la culture visuelle de la science anthropologique de l’époque et dans les discours ayant accompagné et produit ces images, puis ayant été à leur tour nourris par elles. Il s’agira également de comprendre pourquoi Boas ne renonça jamais à la photographie malgré sa conscience aigüe de la difficulté de produire un langage visuel capable de subvertir le discours scientifique sur la fixité des identités raciales.
Subject
Literature and Literary Theory
Reference47 articles.
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