Abstract
Le paradigme de la reconnaissance, élaboré au long cours par Axel Honneth, constitue une tentative formelle ambitieuse de penser la genèse de la vie subjective, à la fois dans son versant psychique, par la référence à la psychanalyse, et dans la vie historique, les luttes pour la reconnaissance étant comprises comme le moteur du progrès historique. La théorie honnethienne fait pourtant un usage limité de la notion d’altérité, au risque d’aboutir à une appropriation normalisatrice, voire normalisante de la psychanalyse. Face à ce mouvement centripète de la reconnaissance comme subsomption de l’altérité, nous proposons d’introduire, comme contrepoint et ouverture, la théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche, comme une sorte de passage à la limite de la théorie de la reconnaissance. Pris dans un mouvement dialectique de mé-re-connaissance, il apparaît que le paradigme de la reconnaissance repose paradoxalement sur son autre : soit ce qui fait échec à toute reconnaissance.