Abstract
Cet article analyse le rôle des principes premiers dans les Institutions de physique d’Émilie du Châtelet et le rapport de sa conception au projet métaphysique de Christian Wolff, en étudiant la fonction architectonique que revêt la métaphysique générale ou l’ontologie grâce à ce que Wolff appelle les « notions directrices » ou « fondamentales ». J’examine d’abord la doctrine wolffienne telle qu’elle est détaillée dans la dissertation « Des notions directrices et du véritable usage de la philosophie première » de 1729. Ensuite, je regarde de plus près les développements dédiés aux principes premiers dans les Institutions, afin de mettre en lumière leur rôle fondateur en physique. Je souhaite montrer que du Châtelet élabore une conception où les principes métaphysiques – au sens fort conféré au terme de principe ontologique par Wolff – rendent possible l’acquisition de la connaissance et l’accès à la certitude, en assurant l’intelligibilité et le fondement de toutes les sciences. Enfin, je discuterai l’inscription de cette perspective dans la théorie des principes des Lumières, notamment en rapport avec les conceptions sur la métaphysique et le principe premier de Maupertuis et d’Alembert.