Abstract
Si le réel est idiot, l’illusion est si riche de sens qu’on s’y perd. Désert contre dédale, comment s’y retrouver ? Partant du principe qu’une œuvre artistique produit sa propre pensée, l’article montre que, dans la lignée des précédents films de la réalisatrice Noémie Lvovsky, La grande magie interroge, à travers la trajectoire du personnage principal, la faculté du sujet à faire face à l’inexorabilité du temps, entre renoncement, déni et sublimation ; mais aussi, comme l’avers d’un réel vide de sens, le gouffre de la psychose qui guette après la survenue du malheur. Car si le temps charrie son lot de désenchantements et d’afflictions, il est toujours possible pour le sujet d’apprendre à (re)trouver ce chemin étroit qu’Eugène Enriquez qualifie d’« éthique de la finitude », acceptation de ses limites qui ne soit ni le fruit d’une rumination amère de l’impuissance, ni idolâtrie ou fascination pour le pouvoir et ses leurres, mais faculté singulière pour chaque sujet de (se) créer contre le principe de mort qu’il porte en lui. Mûrir sans mourir, apprendre à faire avec la perte, assumer un principe de réparation en dépit de l’irréparable, entre besoin d’illusion et assentiment au réel, si cela est possible, telle serait la proposition essentielle que vient soutenir ce film singulier.
Reference47 articles.
1. Perversion et sublimation;Barus-Michel Jacqueline;Revue internationale de psychosociologie,2002
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