Abstract
Les associations voient leur rôle s’accroître dans la société, conduisant à des exigences de gouvernance et d’évaluation de leur impact de plus en plus fortes de la part de leurs partenaires. Or, la littérature dédiée à l’impact des associations est encore émergeante, d’autant plus que le concept même d’impact est subjectif et construit, notamment par les parties prenantes. Cette recherche s’intéresse alors au rôle des mécanismes spécifiques et spontanés de gouvernance dans la détermination de l’impact d’une association. Ces mécanismes se focalisent en effet sur les rapports entre les associations et leurs parties prenantes, et en particulier la confiance, la satisfaction, l’engagement et l’influence mutuels. Une approche subjective et réputationnelle du concept d’impact est retenue, combinée avec le cadre mercatique d’évaluation proposé par Rey García, Álvarez González et Bello Acebrón (2013). Le terrain correspond aux étudiants de l’Université de Bordeaux, dans la mesure où les étudiants sont connus pour un plus fort niveau d’engagement associatif que les autres générations (à l’exception des retraités). Un questionnaire leur est proposé au sujet des concepts de gouvernance, d’impact, de contribution et des quatre mécanismes de gouvernance. 311 retours ont été obtenus. La méthode d’analyse retenue est celle dite PLS-PM, Partial Least Squares – Path Modeling. La gouvernance a bien un effet sur l’impact organisationnel, tel que postulé. Ce lien direct n’est pas intégralement retrouvé dans le détail des mécanismes de gouvernance. L’impact perçu par les parties prenantes (ici, les étudiants) s’explique notamment grâce à l’engagement et à l’influence mutuels avec les parties prenantes et leur contribution. Cette étude contribue alors à la compréhension du lien entre la gouvernance et la notion d’impact associatif et propose en outre un cadre d’analyse de l’impact associatif qui peut être réutilisé par les organisations mais aussi leurs partenaires. Cette étude contribue également à la réflexion sur les relations qu’entretiennent les associations et leurs parties prenantes. Elle permet de faire émerger une vision réciproque (mutuelle) de la relation (et non plus seulement des parties prenantes vers l’association), régulièrement négligée par les recherches sur l’impact mais déjà soulignée par les travaux sur la gouvernance. Du point de vue de la gouvernance, ce travail propose de piloter les mécanismes spécifiques et spontanés. Même spontanés et en cela moins saisissables, les mécanismes qui portent sur les relations avec les parties prenantes peuvent être mobilisés et deviennent des leviers pour améliorer l’impact de l’association. Ainsi, les résultats enjoignent les associations à mettre en place d’une part une stratégie de priorisation dans la gestion de leurs parties prenantes et d’autre part une étude approfondie des mécanismes qui permettent de maximiser la contribution de chaque partie prenante à l’impact organisationnel. Une stratégie globale nierait les particularités des différentes parties. Pour mener cette étude, le questionnaire utilisé peut se révéler pertinent. Enfin, les résultats ont aussi des effets pour les parties prenantes des associations, et notamment celles qui les évaluent et les financent. La relation entretenue avec l’association est tout aussi cruciale qu’une évaluation classique. Ainsi, une approche plus subjective pourrait constituer un nouveau filtre d’évaluation.