Abstract
Les collectifs qui défendent l’existence d’un internet alternatif et non marchand sont souvent présentés par les sciences sociales comme marginaux et inaudibles (Hintz et Milan, 2009 ; Alexandre et al ., 2022). Certes les fournisseurs d’accès à internet (FAI) associatifs demeurent relativement invisibles au niveau national en France, mais le Parlement allemand a reconnu au réseau libre Freifunk un statut d’utilité publique en 2020. Si l’internet non marchand est réservé à une élite compétente, comment expliquer que les destins des infrastructures libres puissent être différents ? Partant du programme d’« ethnographie des infrastructures » (Star, 1999) et d’une enquête auprès de FAI associatifs en France et en Allemagne, nous montrerons que les services alternatifs ont façonné un discours de résistance à l’égard de l’internet commercial qui est entré, dans une certaine mesure, en écho avec les politiques publiques. Nous analysons en particulier le rôle de la division du travail dans le succès de ces collectifs dont la mission porte autant sur la construction d’infrastructures de connexion que sur la formulation d’un discours de plaidoyer en leur faveur. L’accession à une reconnaissance d’utilité publique apparaît corrélée à une division du travail autour de ces deux missions, au sein d’institutions distinctes.
Subject
Electrical and Electronic Engineering,Communication
Reference37 articles.
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