Abstract
À partir des réclamations adressées au Défenseur des droits pour « discrimination à raison de l’orientation sexuelle », cet article s’intéresse aux pratiques discursives de présentation de soi des réclamantꞏes, et à l’impact de ces pratiques sur l’instruction des réclamations par les agentꞏes de l’institution. Adossé à des données quantitatives et qualitatives, l’article montre comment les propriétés sociales des réclamantꞏes – en particulier leurs positions de genre et de race – infléchissent le processus judiciaire de reconnaissance de l’homophobie. L’analyse du récit de l’expérience de l’homophobie montre également que la capacité à formaliser discursivement un acte homophobe pour le faire reconnaître par les catégories du droit se situe tendanciellement dans le haut de l’espace social. La judiciarisation de l’homophobie produit ainsi un sujet de droit sexuel idéal-typique, à la croisée des rapports sociaux de classe, de genre et de race.
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