Abstract
Les recherches montrent que l’impact d’une expatriation sur la progression de carrière n’est pas univoque : positif pour certains, neutre voire négatif pour d’autres. Notre article propose de comprendre les raisons de cette ambivalence en adoptant une perspective interactionniste de la carrière. L’adoption d’une telle perspective permet d’inscrire pleinement notre article dans le nouvel agenda des chercheurs du champ de la carrière qui appellent de leur vœu à étudier les carrières dans leur complexité c’est-à-dire comme étant le résultat d’un jeu récursif entre l’institution et l’individu. En mobilisant la théorie des scripts de carrière de Barley (1989), notre article analyse l’influence conjointe de l’organisation et de l’expatrié dans la construction de ce moment particulier de la carrière qu’est le retour d’expatriation. Pour cela, nous avons réalisé des entretiens au niveau organisationnel (23 entretiens de responsables en charge de la mobilité internationale dans 10 entreprises multinationales) et au niveau individuel (43 entretiens d’anciens expatriés dans 8 entreprises). Nos résultats permettent d’identifier quatre scripts organisationnels de carrière des expatriés : le script du Dirigeant, du Haut-Potentiel, du Missionnaire et de l’Aventurier. Notre article montre que l’impact d’une expatriation sur la progression de carrière dépend du script dans lequel l’expatrié a été inscrit par son organisation mais aussi de son activisme de carrière lui-même influencé par différentes caractéristiques de son script. Notre article offre ainsi des contributions théoriques pour la compréhension de l’impact de l’expatriation sur la carrière et de la relation entre les scripts de carrière et l’action individuelle.