Abstract
Les attentats de janvier et novembre 2015 ont été suivis de l’organisation d’une minute de silence au sein des établissements scolaires. Bien que déjà pratiqué par le passé, ce rituel de deuil fut un moment de cristallisation de certaines tensions pour un système éducatif engagé alors dans la promotion des valeurs républicaines dont la laïcité. Dans le cadre d’un événement dramatique médiatisé et politisé, cette pratique met subitement en confrontation deux fonctions assignées au monde scolaire : éduquer les jeunes à la nation par le partage de valeurs communes, et construire une communauté citoyenne par la pratique des débats en classe. Une enquête réalisée en région parisienne à partir d’entretiens menés auprès de différents acteurs scolaires montre comment ces injonctions ont été négociées localement en déplaçant les frontières d’appartenances entre communauté de deuil national et communauté éducative.
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