Abstract
La loi « pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes » marque un tournant dans la lutte contre les inégalités de genre dans la direction du sport. Elle instaure de nouveaux quotas pour la composition des instances dirigeantes des fédérations sportives nationales. Elle échoue néanmoins à instaurer la parité, un objectif pourtant porté par le gouvernement. Quels sont les motifs idéologiques qui empêchent l’instauration de la parité ? L’objectif de cette contribution est de comprendre la façon dont les inégalités dans la gouvernance du sport sont conceptualisées par les pouvoirs publics. L’analyse porte sur les justifications (Boltanski & Thévenot, 1991) mobilisées par les parlementaires lors des débats législatifs. Elle montre que si la loi se donne pour objectif de parvenir à l’égalité réelle, les arguments mobilisés valorisent une « égalité efficace ». Enfin, l’imbrication des rapports sociaux (de sexe, race, classe, etc.) n’est jamais considérée, de sorte que la loi conduit à la production d’une égalité élitiste (Pochic, 2018). En ne prenant en compte que les inégalités de genre, les parlementaires participent à la mise en place de dispositifs qui ne bénéficient qu’à une certaine catégorie de dirigeantes, recréant, ainsi de nouvelles formes d’inégalités.