Abstract
Dans la perspective d’observer ce qu’il se passe, d’un point de vue linguistique, quand des « hommes » parlent à la place des « femmes » sur des sujets qui les concernent directement, cet article tente d’explorer les enjeux du procédé énonciatif de « parler à la place des autres » (Paveau 2016). Ici, il est abordé le contexte de domination rattaché à l’activité de l’émission des avis juridico-religieux musulmans (les fatwas ) lorsqu’elle est menée exclusivement par des mouftis hommes dans le cadre de la discussion des questions qui concernent spécifiquement les femmes. L’objectif de cet article est d’exposer comment la prise de parole des hommes à la place des femmes est, malgré son objectivité et neutralité axiologique postulées, imprégnée de connotations culturelles, de projections d’imaginaires et d’intégration de stéréotypes en rapport avec la femme et contribue à véhiculer celles-ci. Il montre que dans certaines fatwas la parole des femmes est en quelques sorte détournée ou déjouée pour faire valoir la position de l’autorité religieuse, représentée par le moufti.
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