Abstract
À le re-lire aujourd’hui, « L’arrogance », un bref article que Bion rédigea en 1958, révèle son extraordinaire actualité. Il peut être à la fois considéré comme un commentaire de l’ Œdipe-Roi de Sophocle et comme un essai sur la psychanalyse comme « maladie ». Dans les deux cas, on y retrouve au centre la triade curiosité-stupidité-arrogance qui veut que la vérité soit connue « coûte que coûte ». Dans cet article, Bion redéfinit le crime d’Œdipe (et donc de la psychanalyse) par rapport à une pulsion épistémophilique et non plus sexuelle ; il dénonce l’attitude objectivante de l’analyste et révolutionne la compréhension des réactions thérapeutiques négatives. La « psychose » de l’analyste (ou celle de la psychanalyse) trouve son expression dans le phénomène de vouloir devenir psychanalyste, dans l’aspiration à être « scientifique » (par opposition à obtenir une compréhension « herméneutique »), à vouloir dire au patient ce qu’il croit être la vérité, et finalement à « mépriser » ses patients et ses collègues. Anticipant les thèmes de Transformations et d’ Un mémoire du temps à venir , « L’arrogance » pose les bases d’une critique convaincante de l’idéologie psychanalytique et d’une refondation réellement éthique de la discipline.
Reference36 articles.
1. Un mémoire du temps à venir Bion, W. R. (1979/2010). . Larmor-Plage : Éditions du Hublot
2. Transformations in hallucinosis and the receptivity of the analyst;Civitarese Giuseppe;The International Journal of Psychoanalysis,2015
3. On sublimation;Civitarese Giuseppe;The International Journal of Psychoanalysis,2016
4. The concept of time in Bion's “A Theory of Thinking”;Civitarese Giuseppe;The International Journal of Psychoanalysis,2019
5. On Bion’s Concepts of Negative Capability and Faith;Civitarese Giuseppe;The Psychoanalytic Quarterly,2019