Abstract
Partant de la façon dont Claude Bernard a initialement intégré la théorie cellulaire au programme de la physiologie générale, cet article examine la doctrine des éléments histologiques exposée dans les Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux (1878). Il retrace les variantes qui marquent la distinction entre ce qui relève des processus vitaux élémentaires et ce qui est présumé dépendre de lois morphologiques. Bernard semble suggérer que la structure organique du protoplasme cellulaire possède une organisation à ce point complexe que la formation et les transformations ne peuvent en être ramenées à de simples effets des mécanismes « organotrophiques » de la cellule. Cette limitation constitue-t-elle une frontière que la physiologie expérimentale ne saurait franchir ou une difficulté épistémique que l’évolution des méthodes permettrait éventuellement de surmonter ? Bernard tente en définitive de cerner le type de relation obligée qu’il convient de postuler entre les lois « contemplatives » de la construction des organismes et celles « explicatives » des processus de la vie cellulaire. Bien que ces lois répondent à des critères épistémologiques différents, ne doivent-elles pas cohabiter au sein d’une même théorie ?