Abstract
Les enjeux et les logiques des transgressions délinquantes et criminelles apparaissent particulièrement au cours du travail thérapeutique en groupe à médiations. Cet article propose d’interroger d’abord la nature des transgressions les plus fréquentes qui se manifestent au sein des groupes thérapeutiques pour patients délinquants et criminels, dans le cadre spécifique de la prison, et leurs modalités de traitement au sein même du cadre thérapeutique, afin de dégager les logiques de ces processus transgressifs. Dans cet objectif, les groupes thérapeutiques d’écriture en prison, puis les groupes thérapeutiques à médiations sensorielles, par exemple médiation olfactive sensorielle ou médiation picturale, permettent de mettre en lumière les principaux processus sous-jacents aux actes des auteurs de transgressions délinquantes et criminelles : les processus de symbolisation mis en œuvre dans les médiations thérapeutiques relèvent essentiellement d’une symbolisation à partir de la sensorimotricité, et ils mobilisent le registre de l’hallucination. À l’appui du constat de l’omniprésence d’une sorte de décomposition de la sensorialité, sous le signe de vécus catastrophiques comme des vécus d’explosion, de mutilation, de vidage, l’hypothèse mise au travail dans cet article est que le transfert de la sensorialité des patients sur un medium sensoriel, présenté par des cliniciens, leur permet d’évoluer de cette sensorialité démantelée et destructive, à une recomposition sensorielle, un remantèlement, une réorganisation du registre sensorimoteur dans le lien au medium malléable.
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