Abstract
Bien que l’Apollon de Piombino occupe une place éminente dans l’histoire de l’art occidental depuis sa découverte en 1834, son importance véritable reste à établir. Elle tient d’abord à ce que cette statue de bronze n’est pas : elle n’est ni une oeuvre des VIe-Ve siècles av. J.-C. ni un pastiche produit un demi-millénaire plus tard pour satisfaire la demande d’un «marché de l’art » romain sur lequel elle aurait été introduite comme un «faux » dont l’apparente ancienneté aurait eu pour but de duper quelque acheteur potentiel. Cette dernière hypothèse a largement compromis la bonne intelligence de l’art dit «archaïsant » – lequel est en réalité une métareprésentation qui ne figure pas son sujet mais l’image de ce dernier, instituée comme telle par le recours aux conventions stylistiques d’un autre temps. L’Apollon de Piombino en est le plus parfait exemple : produit à Rhodes et consacré à l’Athéna de Lindos à la fin du IIe siècle av. J.-C., il était tout à la fois une offrande de son temps et la reviviscence d’une offrande archaïque, une exaltation de l’hellénisme des origines qui ne fut pas conçue pour Rome, mais contre Rome, au moment où le monde grec achevait de lui succomber. En 22 apr. J.-C. les Lindiens durent se résoudre à vendre une partie des statues élevées dans le sanctuaire d’Athéna pour faire face à la crise financière consécutive aux guerres civiles ; c’est alors seulement, sans doute, que l’Apollon fut envoyé en Italie, où le goût pour le style archaïque commençait tout juste à se développer, porté par la révolution augustéenne.
Subject
Literature and Literary Theory
Cited by
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