Abstract
Lorsqu’une chorégraphie comme Ethnoscape de Cécile Proust, qui traite du sujet des migrations humaines, est présentée sur scène au public, elle se trouve prise dans un contexte de réception politique et éthique d’autant plus brûlant qu’il touche à une actualité immédiate et médiatisée. C’est cette rencontre que l’article proposé commence par interroger : comment rendre présents les corps des immigrés, à travers leurs témoignages, leurs voix, leurs images ? Leur présence différée ne marque-t-elle pas inéluctablement leur absence ? Comparant ce projet avec celui de Barbara Manzetti qui fait venir des réfugiés politiques dans le lieu de sa résidence artistique, je m’emploie à montrer que ces choix ne hiérarchisent en aucun cas la valeur des œuvres, mais sont fondamentaux quant à la façon dont chacune des chorégraphies tend à s’inscrire dans le discours contextuel sur la migration. Changeant d’échelle, je peux alors montrer que la démarche chorégraphique de Proust ne se limite pas à s’inscrire dans la polémique d’une époque, mais qu’elle est l’histoire de toute une vie où danse et migration sont intimement liées, et où il s’agit de chorégraphier le mouvement du voyage et de la rencontre.