Abstract
Après presque un demi-siècle de recul, la procréation médicalement assistée (PMA) reste une pratique plutôt isolée du reste de la pratique médicale. L’infertilité est une souffrance peu reconnue. Elle est considérée comme une blessure narcissique, une frustration personnelle et relationnelle, une revendication de non-discrimination. La PMA n’est pas reconnue comme un secteur de soin prioritaire. À ses débuts, elle était même considérée comme transgressive. En conséquence, deux tendances opposées ont caractérisé les centres de PMA : celle de s’autonomiser dans un modèle libéral commercial et celle au contraire de contrôler et de filtrer les demandes. Ces deux évolutions n’ont pas permis une meilleure ouverture. L’interdisciplinarité y est restée souvent limitée au seul psy, chargé selon les options de coacher ou de sélectionner les candidats. Une troisième perspective plus porteuse est celle de profiter de la PMA comme véritable occasion d’entretien préconceptionnel ouvert sur le contexte des usagers en les accueillant de façon personnalisée et « capabilisante » pour coévaluer leurs limites et leurs besoins afin d’anticiper ensemble la faisabilité et leurs ressources disponibles. Cette interdisciplinarité est plus complexe et tient compte d’autres acteurs : le médecin traitant, l’équipe infirmière, parfois les professionnels d’aval en obstétrique et en néonatologie. Elle désenclave la PMA et la rend plus responsable.
Subject
General Earth and Planetary Sciences,General Environmental Science