Abstract
À ce jour, l’adrénaline est fortement recommandée dans le traitement de l’arrêt cardiaque. Son utilisation est bien ancrée dans les pratiques, et elle est présente dans les recommandations et les algorithmes de prise en charge depuis des décennies. Cependant, ces mêmes recommandations reposent sur un niveau de preuve faible dans cette indication. Les propriétés pharmacologiques de l’adrénaline et ses effets secondaires et indirects peuvent expliquer en partie la controverse actuelle qui anime les experts dans ce domaine. Plusieurs études cliniques récentes, majoritairement observationnelles, ont renforcé les incertitudes concernant le devenir des patients exposés à ce traitement lors d’un arrêt cardiaque, en termes de survie et d’évolution neurologique. Ces observations ont encouragé la réalisation d’essais cliniques susceptibles de clarifier le rapport bénéfice/risque de ce traitement. Un large essai randomisé a récemment évalué l’adrénaline comparée à un placebo, et a montré l’efficacité de ce médicament concernant le succès de la réanimation initiale. Toutefois, le questionnement demeure entier concernant l’effet de ce traitement sur le devenir neurologique à distance. Actuellement, plusieurs études cliniques explorent d’autres modalités d’administration afin d’optimiser au mieux son effet sur les différents critères de jugement incluant le devenir à long terme. Globalement, même si l’adrénaline permet d’améliorer la survie immédiate après un arrêt cardiaque, son rôle reste donc incertain concernant le devenir neurologique des patients à moyen et long termes. Cependant, en l’absence d’alternative et dans l’attente de données supplémentaires, ce médicament reste recommandé dans tous les protocoles de réanimation spécialisée de l’arrêt cardiaque.