Abstract
Une étude transversale a été menée de novembre 2009 à mars 2011 afin de déterminer la prévalence de la cysticercose / téniasis et d’estimer le coût du traitement de cette maladie dans la ville de Yirgalem en Ethiopie. Les résultats à l’abattoir, une enquête par questionnaire et les inventaires de magasins pharmaceutiques ont été utilisés dans l’étude. Sur les 400 animaux examinés, 48 (12 p. 100) ont présenté un nombre variable de Cysticercus bovis. La répartition anatomique des kystes a montré que les plus fortes proportions de kystes de C. bovis se trouvaient dans la langue, ensuite dans le muscle masséter, le foie, les épaules et le coeur. Sur un total de 190 C. bovis collectés lors de l’inspection des viandes, 89 (46,84 p. 100) étaient vivants. Les tests de viabilité ont révélé que la langue contenait le plus grand nombre de kystes viables (63,16 p. 100), ensuite le masséter (44,23 p. 100), le foie (41,38 p. 100) et le coeur (40 p. 100). Sur les 170 personnes interrogées, 119 (70 p. 100) ont contracté une infection à Taenia saginata et, parmi elles, 85 p. 100 ont déclaré utiliser des médicaments modernes, alors que les autres ont eu recours aux médicaments traditionnels. La majorité des personnes interrogées consommaient de la viande crue pour des raisons traditionnelles ou religieuses. La prévalence de la téniasis humaine a montré des différences significatives (p < 0,05) en fonction du sexe, de la religion, des risques professionnels, de l’état matrimonial et des habitudes de consommation de viande crue. Ainsi, respectivement les hommes (p = 0,001), les chrétiens (p < 0,001), les groupes professionnels à haut risque (p < 0,001), les personnes mariées (p = 0,016) et les consommateurs de viande crue (p < 0,001) étaient davantage exposés au risque d’être affectés par une téniasis que les femmes, les musulmans, les groupes professionnels à faible risque, les personnes non mariées et les consommateurs de viande cuite. Dans cette analyse, aucune différence statistique significative n’a été observée pour ce qui concerne l’âge et le niveau d’instruction (p > 0,05). Un inventaire des magasins pharmaceutiques a révélé l’achat de 472 013 doses de médicaments pour adultes contre la téniasis pour un coût de 1 416 039 birrs éthiopiens (environ 88 500 USD) au cours d’une période de cinq ans (2005 à 2009). Mébendazole et niclosamide ont été les médicaments les plus fréquemment vendus pour le traitement de la téniasis, et praziquantel a été le médicament le moins vendu. En conclusion, l’étude a révélé une forte prévalence de métacestodes de T. saginata dans les organes à l’abattoir et a aussi mis en évidence la profonde tradition de la consommation de viande crue. Les autorités devraient donner priorité à cette maladie afin de préserver la santé publique et, de là, promouvoir l’industrie de la viande bovine dans le pays.
Publisher
CIRAD (Centre de Cooperation Internationale en Recherche Agronomique Pour le Developpement)