Abstract
Le Fragment 47[5] constitue un point aveugle dans la recherche sur Nietzsche. Ce texte est pourtant capital pour saisir le fond de la critique de la philosophie schopenhauerienne, dans la mesure où Nietzsche y dévoile ce qu’il nomme la «grande erreur fondamentale de Schopenhauer» qui, selon lui, réside dans une fausse compréhension du rapport entre la «volonté» et la «connaissance». La comparaison de ce fragment avec d’autres permet d’une part de souligner que Nietzsche est en désaccord non seulement avec les conclusions de la philosophie schopenhauerienne (pessimisme, attitude ascétique face à la vie, éthique de la compassion), mais aussi avec son fondement, la primauté métaphysique de la volonté sur la connaissance. Nous suggérons, d’autre part, que le concept plus tardif de volonté de puissance chez Nietzsche peut précisément être compris comme une réponse critique à cette idée schopenhauerienne d’une subordination du connaître au vouloir qui ne sont, pour Nietzsche, que deux aspects différents de ce même rapport de forces appelé «volonté de puissance».
Publisher
Universidade Federal de Santa Maria
Reference37 articles.
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