Author:
Erick Sourna Loumtouang Par
Abstract
Plusieurs études faites sur les frontières des États africains ont érigé leur artificialité en déterminisme sous-développementaliste. Dans cet article, je soutiens que l’artificialité des frontières utilisée comme modalité et paradigme explicatifs de l’émergence des conflits et du sous-développement sur le continent africain ne rend pas compte de la complexité des questions liées à la gestion de ces tracés. La réflexion se concentre sur la politique qui a accompagné la gestion des frontières au Cameroun depuis les indépendances. Celle-ci a été articulée autour de deux faits saillants qui expliquent l’instabilité aux « périphéries nationales » : d’une part, une gestion des frontières axée sur la consolidation de l’État à travers une politique qui fait de l’endiguement des risques militaires la finalité et le référent de l’État ; d’autre part, la sécurité aux frontières depuis les indépendances est caractérisée par une négligence de la sécurité humaine dans les espaces périphériques. Pour exemplifier cette situation, je critique, dans une première partie, l’idée d’artificialité des frontières africaines. Dans une seconde partie, j’analyse la politique camerounaise de gestion des frontières en soulignant son fort ancrage militaire depuis les indépendances. Je scrute enfin, en guise de perspectives, les défis concernant la gestion des espaces frontaliers dans ce pays. Cette réflexion contribue à la compréhension des débats sur l’instabilité en Afrique. L’atteinte de cet objectif est guidée par une approche combinatoire empirique qui associe aux sources primaires (archives, données orales) des sources iconographiques récoltées par une enquête de terrain menée dans l’Extrême-Nord camerounais
Publisher
University of Toronto Press Inc. (UTPress)