Affiliation:
1. Laboratoire de Recherches historiques Rhône Alpes, Institut des Sciences de l’Homme
Abstract
L’article s’intéresse au rôle de l’expertise dans le procès de Marie Lafarge, laquelle est accusée d’avoir empoisonné et tué son mari, Charles Pouch-Lafarge, le 14 janvier 1840. Les historiens qui ont travaillé sur l’évolution de la justice en France ont beaucoup insisté sur le fait que les preuves testimoniales sont restées dominantes dans la pratique française du droit pénal tout au long du 19e siècle, minimisant ainsi la part prise par les experts et les expertises. Nous réexaminons, à travers le procès Lafarge, le statut et la place accordée à l’expertise dans la première moitié du 19e siècle. Cette affaire est intéressante en ce que, loin de produire des certitudes, les expertises produisent surtout du doute et ouvrent de nouvelles interrogations. Cette question du doute a été peu abordée dans la littérature sur l’expertise ou alors elle surgit dans le cadre de l’agnotologie, laquelle s’intéresse surtout à la fabrique de l’ignorance. Or, malgré les contradictions qui surgissent entre les différents experts, Marie Lafarge est finalement condamnée. Il s’agit, à travers l’étude des controverses médico-légales, de suivre le cheminement du doute, la manière dont il surgit et surtout la façon dont les différents acteurs se positionnent face à lui.
Publisher
University of Toronto Press Inc. (UTPress)
Reference142 articles.
1. Code Pénal (Paris : Pierre Didot l’aîné et Firmin Didot, 1810), 74.
2. Alexandre Lacassagne, Précis de médecine légale (Paris : Masson, 1906), 657.
3. Anne Emmanuelle Demartini, Violette Nozière, la fleur du mal (Ceyrérieu : Champ Vallon, 2017), 142. Les ouvrages d’historiens étudiant les stéréotypes de genre liés à l’empoisonnement se sont multipliés ces dernières années.
Cited by
1 articles.
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1. Recent Articles on French History;French Historical Studies;2020-08-01