Abstract
Souvent perçu comme le fruit de spéculations empiriques, le sanatorium, destiné dans la première moitié du XXe siècle à la prise en charge des tuberculeux, se présente de prime abord comme une utopie thérapeutique émanant du corps médical. Dans ce lieu clos s’exerce en effet l’autorité du docteur, dont les préconisations ont valeur d’injonctions. Pourtant, deux romans, Les « Heures de silence », de l’écrivain suisse Robert de Traz (1884-1951) et Siloé, de Paul Gadenne (1907-1956), auteur français qui fut lui-même un habitué des établissements de soins, mettent en scène un renversement. Dans ces œuvres, l’unité de lieu sanatoriale devient en effet un artifice commode pour questionner le monde des bien-portants à trois niveaux : l’ego, la relation aux autres et le rapport à l’espace naturel. Parce que la « condition tuberculeuse » pondère les différences entre les individus, elle remet en cause le primat de la santé et esquisse paradoxalement un mode de vie équilibré, fondé sur l’expérience idiorythmique de l’alternance entre solitude, vie sociale et immanence.
Publisher
Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawla II
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