Abstract
Si au lendemain de sa création, l’UA, entérinant la décision de l’OUA, fit de la décennie 2001-2010 celle de la Médecine traditionnelle africaine au Cameroun, cet engagement de promotion de la tradipratique n’est pas honoré. La preuve, en 2007, dans un avant-projet de loi du 4 avril, le MINSANTE demandait aux tradipraticien·ne·s d’améliorer leurs posologies et de se spécialiser dans le soin d’au trop cinq maladies. D’emblée, pareille déclaration peut faire penser à la valorisation de la tradipratique. Pourtant, il s’agit de faire disparaître du champ médical camerounais, toute médecine « ésotérique ». Sinon, pourquoi contraindre les tradipraticien·ne·s à « améliorer » leurs posologies et à se spécialiser dans le soin d’au trop cinq pathologies? N’est-ce pas obligé leur art à s’acculturer en supprimant ses spécificités que sont l’« impondérable » et la globalité? Cette volonté d’acculturation de la tradipratique n’est pas nouvelle. Elle est d’ailleurs un legs colonial et remonte à l’arrêté du 4 octobre 1924 signé de Marchand, Commissaire de la République française au Cameroun, qui interdisait sa pratique et faisait emprisonner ses praticien·ne·s. Or, l’une des préoccupations de l’OMS pour l’Afrique depuis 1950 est d’encourager l’épanouissement d’arts médicaux qui considèrent les réalités socioculturelles des malades africain·e·s. Le présent article met en évidence ce que peut gagner le Cameroun au plan sanitaire, en trouvant aux lois pénales relatives à la tradipratique, des contenus qui tiennent compte de la conception camerounaise de l’humain, de la santé et de la maladie.
Publisher
Association science et bien commun
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