Les rapports d’un film avec le territoire qu’il met en scène. Le cas du film Detroit

Abstract

Cette contribution s’intéresse à la mise en scène et la représentation de la ville de Détroit par le film Detroit (Bigelow, 2017), lequel traite du racisme et de la violence policiers au cours des révoltes urbaines de 1967. Alors qu’un nouveau régime urbain local tente de construire une image apaisée de la ville par la promotion d’une marque territoriale autour du design, l’auteur interroge la façon dont ce film se situe dans le contexte local de construction d’une marque territoriale et la nature des médiations qu’il établit avec des acteurs territoriaux. À partir de l’hypothèse selon laquelle le film réactive l’« image héritée » du territoire et entre en dissonance avec l’« image recherchée », un premier point analyse la construction de la marque territoriale en tant que mythe, lequel à la fois rassemble autour de valeurs intégrées au nouveau mode d’accumulation du capitalisme (image recherchée) et divise car il invisibilise la culture de la communauté noire. Un deuxième point montre que, même s’il porte une reconnaissance de l’image héritée de la ville, le film échoue à en donner une représentation pleinement satisfaisante et établit en définitive des médiations assez faibles avec les acteurs territoriaux.