Abstract
Cette contribution propose une réflexion sur la notion chrétienne de témoignage qui, dans l’Église catholique, constitue une forme de la communication à laquelle elle incite. Cette notion dévie toutefois du sens commun, historique, ou du sens judiciaire dans la mesure où elle évoque l’inscription dans une lignée textuelle et communautaire, langagière, et valorise l’expérience et l’affect plus qu’elle ne suppose « d’avoir vu » quelque chose ou quelqu’un (l’entité immatérielle à laquelle elle se réfère). Le témoin est celui qui relaie son expérience et sa foi, et incite à la reproduire, non celui qui fait part du réel. Il contribue plutôt à le créer en en prolongeant l’existence jadis instituée. À ce titre, le témoignage devient une institution apologétique, incontestable, qui sort le discours religieux du champ de l’argumentation rationnelle et l’ancre dans le récit et la subjectivité biographiques.
Publisher
Éditions de l'Université de Lorraine
Reference68 articles.
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