Abstract
RésuméL’étude de 12 209 écrous d’appelants au parlement de Paris entre 1575 et 1604 révèle une mutation fondamentale des pratiques répressives. Elles privilégient désormais la punition des crimes de sang, dans une perspective très « gendrée»: l’homicide concerne 29% des hommes et aboutit à 57% des condamnations à mort masculines, tandis que l’infanticide, imputé à 21% des comparantes, fournit 68% des exécutées. Dans les deux cas, le profil dominant paraît être celui des jeunes célibataires. Marquée par plus de modération en matière de vol, cette évolution participe à la lente gestation d’un nouveau type de contrat social. Pour mieux détacher les adultes mâles dominant les communautés locales de la loi de la vengeance privée, la monarchie leur propose en échange une tutelle renforcée, garantie par l’éclat des supplices, sur les jeunes trop indociles ou impatients de prendre leur place. En obtenant au nom du Prince le monopole de la violence légitime, le parlement de Paris contribue puissamment à l’enracinement de l’état de justice moderne. Première étape sur le long chemin de la civilisation des mœurs occidentale et d’une sacralisation croissante de la vie humaine, sa rude pédagogie punitive produit prioritairement une criminalisation des traditions viriles sanguinaires des garçons à marier et de la sexualité peu contrainte des célibataires des deux sexes, en particulier de celle des filles se débarrassant trop aisément du fruit de leur péché.
Publisher
Cambridge University Press (CUP)
Subject
General Social Sciences,History
Cited by
3 articles.
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