Abstract
RésuméEn dépit de discours convenus sur « l’exclusion » ou le « ghetto des banlieues », les jeunes qui ont participé aux violences urbaines de l’automne 2005 ne sont nullement hors des cadres de la société française. La majorité d’entre eux étaient des citoyens français « issus de l’immigration », c’est-à-dire marqués par leur appartenance ethnique, citoyens par défaut. Leur désespoir pourrait tenir à ce qu’ils vivent les prérogatives de la citoyenneté sur le mode de l’impossibilité de leur réalisation. Dans une République qui proclame l’égalité des droits et l’égalité des chances, ils font quotidiennement l’expérience du déni des droits: discrimination dans les rapports avec la police et la justice, dans leurs relations à l’école et au travail. Discrimination aussi en raison de leur affiliation religieuse, puisque le fait d’être d’origine musulmane est souvent associé à une adhésion à l’islam radical. La stigmatisation d’une partie de la population sur une base ethnique est contradictoire avec les principes de la République. Elle est aussi dangereuse pour l’unité de la nation. Les politiques sécuritaires actuelles ciblent un profil de jeunes comme les principaux responsables de la propagation de l’insécurité, en oubliant de s’interroger sur l’ensemble des conditions nécessaires pour être reconnu comme un citoyen à part entière. C’est le paradoxe d’une instrumentalisation rigide et dogmatique du modèle républicain: si nos banlieues ne sont pas encore des ghettos, elles sont en train de le devenir, à force de traiter une partie de leurs habitants, en particulier les jeunes issus de l’immigration, comme des citoyens de seconde zone.
Publisher
Cambridge University Press (CUP)
Subject
General Social Sciences,History
Cited by
16 articles.
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