Affiliation:
1. Chargé de Recherche en sociologie, INRA, antoine.dore@inra.fr
2. Chargé de Recherche en sociologie, Centre National de la Recherche Scientifique (UMR Triangle – Université de Lyon), jerome.michalon@ens-lyon.fr
3. Chercheuse Associée, Instituto de Ciências Sociais- Universidade de Lisboa (Institut de Sciences Sociales- Université de Lisbonne), tlibano@netcabo.pt
Abstract
Cadre de la recherche : L’enjeu général et l’originalité de ce dossier thématique de la revue Enfances Familles Générations consiste, à partir de l’insertion familiale des animaux, à interroger conjointement deux transformations sociales majeures : celle des familles humaines et celle des relations humains-animaux.
Objectifs : Cette introduction au dossier thématique « place et incidence des animaux dans les familles » vise à présenter l’état des connaissances actuelles sur le sujet, en caractérisant les approches adoptées, en identifiant les angles-morts et les moyens de les combler.
Méthodologie : L’article s’appuie sur un état de la littérature et une analyse d’une centaine de publications anglophones et francophones en sciences humaines et sociales qui portent sur la place et l’incidence des animaux dans les familles.
Résultats : La première partie de l’article est consacrée à la présentation analytique de la littérature. Trois grandes modalités d’insertion des animaux dans les familles sont identifiables dans les travaux étudiés : l’intégration, l’assimilation, la substitution ; et deux types d’approches ont été privilégiées jusqu’ici pour appréhender la famille dans ses rapports aux animaux : fixiste et flexible. La deuxième partie développe une analyse critique de ces recherches. Nous montrons que, pris dans leur ensemble, ces travaux génèrent un effet de naturalisation des réalités zoologiques, sociologiques et spatio-temporelles très spécifiques étudiées. Nous montrons que cette naturalisation est liée aux modalités d’utilisation peu réflexives de certaines catégories sémantiques (« animal de compagnie », « animal familier », « pet ») ainsi qu’à des régimes particuliers de production de connaissances sociologiques sur la place des animaux dans les familles (fondées en partie sur des données fournies par des industriels, ou produites avec un arrière-plan moral très prégnant).
Conclusions : L’article souligne la nécessité de développer et de mettre en œuvre une véritable sociologie des relations familles-animaux qui, d’une part, assumerait plus franchement les partis pris implicites qui ont guidé les recherches jusqu’ici (un positionnement clair vis-à-vis des trois modalités d’insertion des animaux dans les familles), et qui, d’autre part, s’attacherait à dénaturaliser les catégories qu’elle utilise, et à questionner les régimes de connaissance dans lesquels elle s’inscrirait.
Contribution : Au-delà d’une interprétation critique et problématisée de la littérature, cet article esquisse plusieurs axes de recherche qui visent à compléter et à rééquilibrer l’image très particulière que nous renvoie aujourd’hui la littérature des dynamiques d’insertion familiale des animaux. Cinq axes sont identifiés : (1) la construction symbolique de l’insertion familiale des animaux (représentations artistiques et médiatiques, construction des catégories) (2) les conditions matérielles de cette insertion (rôle des objets techniques, des marchés) (3) le rôle des animaux dans la construction de l’identité et de la socialisation des familles (4) les utilisations des discours savants et profanes sur les familles animales pour définir et légitimer un modèle de familles humaines (5) la redéfinition sociologique de la famille prenant en compte les différents types d’insertion des animaux
Subject
Social Sciences (miscellaneous),Anthropology,Social Psychology
Cited by
3 articles.
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