Author:
Caët Stéphanie,Morgenstern Aliyah
Abstract
Autour de 3 ans, les enfants francophones se désignent le plus souvent à l’aide d’un sujet syntaxique lorsqu’ils réfèrent à leurs propres actions ou états internes, mais ils produisent encore parfois des prédicats sans sujet. Ce phénomène est d’autant plus surprenant que le français est une langue dans laquelle l’expression du sujet syntaxique est théoriquement obligatoire. Comment expliquer l’usage de ces prédicats sans sujet, à une période où le système grammatical des enfants s’est pourtant considérablement enrichi ? Dans cette étude, nous testons différentes hypothèses en comparant l’usage des prédicats avec et sans sujet en référence à soi dans les productions d’une enfant francophone filmée longitudinalement en interaction avec sa mère. Les analyses portent sur la période entre 2;01 et 3;03, quand l’enfant produit plus de 85% des sujets syntaxiques lorsqu’elle réfère à elle-même. Nous montrons que les derniers prédicats sans sujet produits en référence à soi sont principalement des prédicats d’états internes. En nous appuyant également sur des analyses de la référence à la mère interlocutrice et de la référence à l’enfant par la mère, nous suggérons que l’enfant construit de manière transitoire une catégorie particulière de prédicats dont le sémantisme intègre la référence à soi en tant que sujet.