Author:
DELAGARDE Rémy,CAILLAT Hugues,CHARPENTIER Alexia
Abstract
Miser sur le pâturage peut renforcer la durabilité des élevages caprins laitiers, mais les capacités d’adaptation des chèvres laitières hautes productrices à différentes pratiques de gestion du pâturage sur prairies temporaires sont mal connues. Cet article fait le point sur les travaux expérimentaux récents menées par INRAE en Bretagne et Nouvelle-Aquitaine entre 2015 et 2018, portant sur les facteurs de variation de l’ingestion d’herbe, de la production laitière et du comportement alimentaire des chèvres de race Alpine en pâturage rationné, dans des conditions de prairies temporaires de bonne qualité, avec peu de compléments (600 g/j de concentrés, avec ou sans 400 g/j de fourrage déshydraté). Après avoir validé les méthodes d’estimation de l’ingestion individuelle et de la durée d’ingestion, nous avons montré i) qu’un troupeau qui n’est jamais sorti à l’herbe apprend en quelques jours à pâturer de façon active, ii) que les chèvres s’adaptent bien à une restriction du temps d’accès jusqu’à 6-7 h par jour, en concentrant fortement leurs activités de pâturage et sans affecter leurs performances, iii) que lorsque le temps d’accès au pâturage n’est pas limité, il faut offrir au moins 2,5 kg MS/chèvre/jour d’herbe au-dessus de 4 cm pour ne pas limiter l’ingestion et la production des chèvres, iv) que la suppression de l’abreuvement durant les 8 h de pâturage journalier ne modifie ni le comportement ni la production laitière des chèvres, même en cas de fortes chaleurs, et v) que les chèvres primipares ingèrent moins et moins vite que les chèvres multipares en raison de leur plus petit format, mais autant lorsque l’ingestion est rapportée au poids vif. En conclusion, les chèvres laitières montrent de très bonnes capacités à pâturer des prairies temporaires multiespèces en maintenant un niveau d’ingestion et de production laitière élevés.