Abstract
À partir du projet d’aménagement d’une rue-jardin conçu et mis en œuvre par la Ville de Bordeaux en 2011, cet article s’intéresse à la manière dont le jardin est utilisé par la municipalité comme levier pour modifier le regard des citadins sur leur rue, mais également leurs pratiques dans l’espace public. En analysant les formes d’interactions entre les habitants et leur rue, entre les habitants-jardiniers et les végétaux cultivés et entre les habitants eux-mêmes, nous montrons le décalage entre les ambitions municipales et la manière dont les habitants se saisissent de la requalification de la rue en rue-jardin. Si la végétation introduite dans la rue constitue un vecteur de transformation des pratiques et des interactions sociales des habitants, le projet de rue-jardin échoue à faire naître une dynamique collective autour des pratiques de jardinage de la rue, mais permet toutefois à des pratiques jardinières individuelles de coexister et de contribuer de manière dispersée à la fabrication du paysage de la rue.