Abstract
Eubulide de Milet est connu comme l’auteur d’un ensemble considérable d’arguments logiques déconcertants, encore appelés sophismes ou paradoxes. Parmi ceux-ci figurent l’antinomie du Menteur et le paradoxe du Sorite. Peut-on donner une solution unifiée de ces paradoxes ? La réponse examinée dans cet essai est positive et vise à faire connaître la théorie stricte-tolérante , développée à l’origine pour résoudre le Sorite avant d’être transposée au Menteur. Selon cette théorie, la conclusion d’un argument suit logiquement des prémisses quand la vérité stricte des prémisses implique la vérité tolérante de la conclusion. Si les notions de vérité stricte et tolérante coïncident dans un cadre bivalent, elles se recouvrent seulement partiellement dans un cadre trivalent. Nous expliquons en quel sens la théorie stricte-tolérante confère aux notions mêmes de vérité et de conséquence logique un caractère d’équivocité. Or l’identification d’une équivocité préside à la solution d’autres paradoxes, comme dans l’argument du Cornu également dû à Eubulide.