Author:
Gurtner Emmanuelle,Habran Yves,Guimaraes Renato
Abstract
La recherche repose sur une étude de cas basée sur des observations et des entretiens menés dans un hôpital à l’occasion de la crise sanitaire et porte sur la mobilisation massive et imposée des personnels des hôpitaux dans les services covid lors de la pandémie. La mobilité interne temporaire et intermittente dans une même organisation est un phénomène peu étudié. Or, si elle peut avoir des conséquences positives, comme une meilleure utilisation des ressources, des apprentissages individuels et collectifs, elle peut aussi engendrer des conséquences négatives pour les personnes, freinant les mobilités ultérieures et impactant la capacité de l’organisation à mobiliser ses ressources. La recherche questionne alors le lien entre les mobilités internes temporaires, forcées et répétées, et l’insécurisation des personnels concernés. L’étude montre que ces mobilités entraînent pour les personnes des écarts de compétences et des pertes de repères (spatiaux, relationnels et organisationnels) qui constituent des sources d’insécurisation. Elle révèle aussi certains facteurs organisationnels permettant d’y remédier. Au final, la recherche apporte une contribution théorique originale mettant en lien la littérature sur la mobilité et celle sur la sécurité psychologique, et proposant un cadre dynamique au concept de sécurité psychologique. Elle permet aussi de pointer la responsabilité des organisations dans l’(in-)sécurisation des personnes. Enfin, la contribution managériale consiste à identifier des leviers RH, organisationnels et managériaux, permettant d’agir, sur différents axes et selon différentes temporalités, afin de réduire cette insécurisation, et donc diminuer les coûts d’ajustement subis par les individus dans les organisations devant disposer en tant et en heure de ressources là où les besoins se font sentir.