Author:
Rodieux F.,Besson M.,Piguet V.,Desmeules J.,Samer C.
Abstract
La population pédiatrique est considérée comme vulnérable, et la prise en charge de la douleur nociceptive y est parfois complexe mais essentielle. Depuis 2013, la prescription de codéine est restreinte chez les enfants en raison du risque de dépression respiratoire parfois fatale lié à l’activité variable du cytochrome P450 (CYP) 2D6 qui bioactive la codéine en morphine. Les options thérapeutiques approuvées chez l’enfant sont limitées, et pour nombre de prescripteurs, le tramadol est devenu l’alternative de choix à la codéine. Le tramadol est cependant, comme la codéine, un promédicament opioïde qui doit être bioactivé par le CYP2D6. Il est donc également soumis à une importante variabilité de sa réponse et expose les enfants aux mêmes risques de complications respiratoires. La décision de traiter par tramadol doit prendre en compte les comédications, les comorbidités du patient, le type de douleur et les conditions de surveillance. Les soignants et les parents doivent être informés des risques liés à l’administration du tramadol, notamment la variabilité interindividuelle, les risques d’interactions médicamenteuses et les signes de surdosage. Dans les situations de douleurs récurrentes, une approche personnalisée, avec adaptation des doses et sélection du médicament antalgique en fonction de l’activité du CYP2D6, est certainement la méthode la plus sûre. Lorsque l’activité du CYP2D6 n’est pas connue, la prescription de tramadol reste envisageable si le traitement est initié à la dose minimale efficace, titré sous surveillance et administré sous une forme posologique adaptée à l’enfant. Chez l’enfant de moins de 12 ans et en présence de facteurs de risque de dépression respiratoire, la morphine reste une option prudente, puisque son métabolisme ne dépend pas du CYP2D6.
Subject
Anesthesiology and Pain Medicine